Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
27 mars 2020 5 27 /03 /mars /2020 12:00
Cliquez sur l'image

 

 

J'ai découvert cette lettre qui m'a touchée car elle est factuelle, honnête et sans connotation politique, elle traduit simplement le vécu de cet infirmier lambda, comme il le dit lui même.

 

Je la publie simplement car il explique très justement la dégradation de notre système sanitaire et l'énorme décalage entre le discours politique et la réalité de terrain.

 

Je publie également après sa lettre le commentaire que j'ai laissé sur sa page.

 

 

Lettre Ouverte à monsieur Macron, monsieur Philippe, madame Buzyn,

monsieur Véran, messieurs et mesdames les ministres.

 

Je m'appelle Thomas Grimal, j'ai 40 ans. Je suis père de trois enfants et infirmier en réanimation en hôpital PSPH depuis 13 ans .
Vous ne me connaissez pas car je ne suis personne. Je suis un citoyen ordinaire, ni pauvre ni riche, je n'ai pas d'appartenance politique, pas d'activité politique ou associative. Je cotise à l'ordre infirmier, je paye mes impôts et mon statut de citoyen lambda me tient bien loin de quelques conflits d’intérêts.
Je ne m'intronise pas expert en épidémiologie, je ne pense pas être meilleur qu'un autre, je suis factuel et n'utilise que vos chiffres.
Cette lettre ne changera probablement rien, mais elle me permettra de me soulager de la colère qui me ronge.

Mon métier, notre métier, que vous tenez en si grande estime en ces temps de pandémie, est une passion, un investissement, une raison d'être.
Pour autant, la colère monte dans nos rangs le doute s'installe.

Cette colère ne grandit pas pour les fautes d'hier, elle ne grandit pas pour le dédain, pas pour les attaques répétées à nos conditions de travail, ni pour votre violence lorsque nous sommes dans la rue.
Ma colère, notre colère grandie car cette crise sanitaire sans précédents révèle chaque jour un peu plus les lacunes, les fautes et les manquements avec lesquels vous la gérez.
Vos annonces, vos discours, votre méthode Coué ne dupent personne. Nous nous lançons dans une guerre qui n'a jamais été préparée, qui n'a jamais été anticipée.
Vous qui vous targuiez de proposer une politique différente, une politique d'amateurs, vous avez réussi. On en a pour notre argent...

Monsieur Macron, monsieur Philippe, madame Buzin, monsieur Véran, on ne part pas à la guerre avec des intentions, on part à la guerre avec une stratégie et avec des armes...
Seulement voilà : les armes (c'est drôle c'est l'anagramme de rames) nous n'en avons pas ou presque plus.
Alors je vous pose la question : Où sont nos masques, où sont nos tabliers, nos sarraux, nos gels hydroalcooliques, où est la réserve stratégique de l’État dont vous vous vantiez tant, où sont nos armes ?
Vous et vos prédécesseurs avez tellement dénigré l'importance de notre mission, dans votre vision comptable étriquée, dans cette vision à si court terme, que vous les avez sacrifiés sur l'autel de la dette...
C'est une faute morale grave, c'est une faute professionnelle, c'est une erreur stratégique majeure car sans armes, nous, soignants, nous ne seront que d'une utilité limitée dans le temps.
Votre métier à vous politiques n'était-il pas de prévoir, d'anticiper, de planifier ?
La réalité est simple, glaçante, vous nous avez abandonné.

Nous en sommes à mendier du matériel sur les réseaux sociaux, nous en sommes à solliciter les bonnes volontés pour pallier l'insuffisance régalienne .
Le pire c'est que nous ne le faisons pas par crainte pour nos vies, mais parce que sans nous la guerre est perdue, parce qu'un soignant dans un lit ne remplit plus sa mission, parce qu'il devient un poids supplémentaire pour des services déjà bondés.

 

Parlons maintenant stratégie.

 

- Nous vivons dans un monde où les mouvements de populations sont la règle. Nous nous sommes arc-boutés sur une stratégie chinoise à la recherche de patients 0, ignorant totalement qu'à l'inverse des Chinois, chez nous, il n'y aurait pas un mais plusieurs patients 0, vouant cette stratégie à une partie de cache-cache à 67 millions de Français. Pire, nous avons complètement fait l'impasse sur la possibilité de porteurs sains (c'est quand même une notion qui ne date pas d'hier).
- Nous avons regardé avec suffisance nos amis italiens durant deux semaines, nous gargarisant d'une lucidité stratégique dont ils étaient incapables, puis nous avons pris les mêmes recommandations avec 2 semaines de retard.
- Vous nous annoncez une « grippette » sans danger pour les jeunes avec 10% de cas graves. Nouvelle erreur, la « grippette » est infiniment plus contagieuse que la grippe (100 fois plus si l'on en croit l'Institut Pasteur) et tue 6 à 10 fois plus. Selon vos statistiques, on peut tabler sur une épidémie à 30 millions de malades. Je vous laisse calculer 10% de ce chiffre et le mettre en lien avec nos capacités de réanimation.
- Notre ministre de tutelle madame Buzin démissionne de son poste en pleine gestion de crise pour porter candidature à la mairie de Paris, et elle nous explique trois semaines plus tard qu'elle savait... Elle savait, vous saviez, et rien, rien n'a été anticipé. Que dire ?
- Vous interdisez les concerts de plus de 5000 personnes, mais vous autorisez explications farfelues à la clef un Juventus / Lyon avec plusieurs dizaines de milliers de personnes dans un stade, et ce en début de quarantaine italienne (je ne vous ferai pas l'affront de vous indiquer où se trouve Turin).
- Vous organisez des élections dans un contexte sanitaire et démocratique indigne pour ne pas dire scandaleux, faisant fi de toutes les recommandations scientifiques, de tout bon sens.
- La liste est non exhaustive et vous le savez.

Comment voulez-vous garder une once de crédibilité ? Comment pouvez-vous imaginer qu'après cela les citoyens français puissent observer la moindre consigne ? Comment pensez-vous que l'on puisse vous octroyer la moindre confiance ?
Il n'y a rien de plus dangereux et de plus contre-productif qu'un peuple défiant...
Comment voulez-vous qu'il en soit autrement ?

 

Continuons :

 

Je reçois chaque jour les recommandations de l'ARS et du Ministère de la Santé. Ça me laisse sans voix...
Vous dites compter sur notre réseau extra-hospitalier (médecins, infirmières, sages-femmes, kinés, pharmaciens, etc...) que vous qualifiez de maillons indispensables.
Vous leur demandez de se protéger avec des masques FFP1, masques connus pour n'apporter AUCUNE protection au soignant qui le porte...
Personne ne vous a expliqué cela ???
Vous envoyez nos femmes, nos enfants, nos maris, nos parents au front sans la moindre protection, sans le moindre espoir de les épargner.
Vous qui vous revendiquez d'une politique nouvelle vous ne faites que répéter l'histoire encore et encore et encore...
Cette force vive de proximité, vous allez la décimer en quelques semaines. Encore une fois, quelle sera leur utilité dans un lit, en réanimation ou à la morgue ?
Cinq médecins et une infirmière sont déjà morts. D'autres viendront. Que direz-vous à leur famille ?

Mon service dispose d'une réserve de masques FFP2 pour une durée de 3 à 8 jours. Nous n'avons plus de tabliers.
J'ai trois enfants, ma femme est sage-femme libérale. Le jour où je ne pourrai plus me protéger, je ne rentrerai plus chez moi. Ma femme ne pourra plus remplir sa propre mission.
La situation inverse est aussi valable. En l'absence de protection pour elle, je risque aussi de me retrouver contraint de ne pas remplir ma propre mission pour m'occuper de mes enfants.
Où est la vision, où est la stratégie dans cette démarche ?

Je vois certains libéraux dotés de 18 masques FFP1 pour la semaine, des hospitaliers à qui l'on donne 3 masques pour 12h quand les recommandations sont de les changer toutes les deux heures.
Cette gestion est une aberration, notre situation est une aberration, elle vous discrédite chaque jour un peu plus.

 

C'EST UNE HONTE.

 

L'heure est grave et nous ne sommes pas à rendre des comptes, pas encore. Nous n'avons pas de temps à perdre. Le temps viendra où chacun de nous sera jugé sur ses actes et sur ses manquements. Le jour viendra où vous devrez expliquer au peuple de France la mesure de notre impréparation. Les premiers de cordée n'ont pas équipé la voie et c'est votre responsabilité qui est engagée.

 

Alors oui, nous, soignants, routiers, caissières, tant d'autres, nous autres insignifiants citoyens nous allons retrousser nos manches jusqu'aux épaules s'il le faut. Nous l'avons toujours fait, nous le ferons encore.
Comme vous le disait le neurologue de la Pitié-Salpêtrière, François Salachas, nous serons là... L'inverse reste toujours à prouver.....

 

Je ne suis personne, un simple infirmier en colère qui tremble pour ses collègues.
Vous me direz sûrement suffisant, prétentieux, incapable d'appréhender la complexité des choses. Peut-être aurai-je même la chance d'être qualifié de Gaulois réfractaire et ce sera une fierté.
La fierté de montrer que même invisible et insignifiant nous honorons la liberté qui nous a été offerte et que nous portons haut nos valeurs.

NB : N'hésitez pas à partager

 

PAS DE COMMENTAIRES À CARACTÈRE POLITIQUE, HAINEUX OU AGRESSIF S'IL VOUS PLAÎT. JE NE SUIS PAS LÀ POUR ATTISER LA HAINE, NOUS N'EN AVONS PAS BESOIN.
Je ne demande aucune tête je n'en ai ni la légitimité ni le besoin. Je ne veux plébisciter aucun parti politique, à titre personnel je n'adhère à aucun.
Je veux rester factuel et objectif, je veux des réponses à des questions rien de plus.

 

Le lien sur sa page Facebook ici

 

 

Mon commentaire

 

 

Je découvre votre lettre que je vais partager sur ma page et sur mon blog, lu et suivi par nos autorités de santé.

Un grand merci pour cette analyse complète que je déplore comme vous.

Je suis cadre de santé, en retraite après avoir été mise en invalidité suite à un scandale sanitaire, les prothèses PIP, qui a montré les insuffisances de notre système de santé et les fausses sécurités des systèmes de contrôles. Depuis, je suis en contact permanent avec les autorités de santé et je mesure combien le temps politique n'a rien à voir avec la réalité du terrain.

J'ai travaillé 21 ans à l'APHP , d'abord dans les labos, puis dans la recherche clinique, notamment au moment de l'épidémie de Sida. Les fonds pour la recherche venant du privé et du show-biz ont fait progresser rapidement la recherche pour sauver des vies. Puis, dans une clinique privée, au sein du DIM, pour le codage et la facturation des séjours.

J'y ai vu la différence énorme entre le public et le privé. Les gouvernements précédents, notamment celui de Mr Sarkozy, ont favorisé le privé au détriment du public.

Mes anciennes collègues de l'APHP ne cessaient de me parler des dégradations de leurs conditions de travail et la suppression de lits et du manque de moyens pour prendre en charge correctement les patients. Malheureusement, on en voit les conséquences aujourd'hui.

Vous avez raison, l'hôpital et les soignants feront face avec des personnels dévoués corps et âmes et ce n'est pas un chèque en fin de crise et des applaudissements qui seront satisfaisants et dignes de vos investissements et de vous engagements auprès des malades.

C'est tout le système qu'il faut revoir et il ne faudra rien lâcher après cette crise sanitaire sans précédent et en tirer toutes les conséquences, car nous ne sommes malheureusement pas à l'abri d'un autre fléau de ce type.

Un grand merci à vous et tous les personnels qui consentent d'énormes sacrifices. Permettez moi de vous apporter tout mon soutien.

 

 

Nous avons besoin d'eux

 

Certains se donnent bonne conscience en applaudissant tous les soirs à 20h, d'autres sont sincères ... Mais le confinement et la peur montent à la tête de certains et donnent envie de vomir !

 

 

Quelques exemples

 

ici    ici

 

 

Je condamne les comportements de personnes qui demandent aux personnels soignants de déménager pour ne pas les contaminer ou qui pillent leurs voitures pour récupérer le peu de masques qu'ils pourraient dedans pour simplement se protéger et continuer leur travail auprès des malades ou des personnes à domicile qui ont besoin de soins !!!

 

N'oubliez pas

 

Pour les protéger et nous préserver de ce virus, respectez les mesures barrières et restez chez vous

 

 

 

Testez vous ici

 

et RESTEZ CHEZ VOUS

 

 

 

Article écrit par Victime de prothèses PIP

Partager cet article
Repost0

commentaires

Icone rssIcone facebook

 

 

Ne pas utiliser le bouton contact en bas de page

Je réponds à tous les messages, si je ne vous ai pas répondu, c'est que votre message ne m'est pas parvenu.

Merci de le renouveler à l'adresse :

porteusespip@yahoo.fr

 

 

 

 

 

 

 

Enquête sur vos implants mammaires

Cliquez sur le logo pour répondre au questionnaire

Enquête anonyme très simple et rapide pour faire un état des lieux des implants mammaires

Quelle que soit la marque de vos prothèses

 

 

 

L'affaire PIP : Les vidéos

Affiche vidéo

Visionnez ici les différents reportages

dédiés à l'affaire PIP ...

Statistiques

Date de création : 22/02/2011

Articles : 429

Visiteurs uniques : 277 114

Pages vues : 529 953

Commentaires : 1539